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Tag : implant dentaire

P. Margossian, G. Laborde, S. Koubi, G. Couderc, G. Maille, S. Botti, Y. Dinardo, P. Mariani
Réalité Clinique 2010, vol 21, n° 3 ; p 197 à 207

RESUME
De nombreux systèmes céramocéramiques ont vu le jour ces dix dernières années. L’amélioration constante des propriétés mécaniques des matériaux a permis d’étendre le champ des indications cliniques. Pour autant, tous les systèmes ne possèdent pas des propriétés optiques équivalentes. Ces propriétés ne se limitent pas à la couleur des restaurations (luminosité, teinte, saturation) et sont directement fonction de la nature du matériau, de son épaisseur, de son état de surface, du mode d’assemblage et du type de substrat sous-jacent. L’interprétation optique de l’observateur sera la synthèse de l’interaction de la lumière avec l’ensemble de ces éléments.

IMPLICATION CLINIQUE
La connaissance des propriétés optiques et mécaniques des différents types de céramique est indispensable au processus décisionnel clinique.

La restauration de l’apparence naturelle d’un sourire ne peut se concevoir sans l’utilisation de systèmes tout céramique » John Mac Lean 1965 (1). Ce père, visionnaire de la céramique moderne, avait vu juste il y a plus de 40 ans. Mais que de progrès accomplis depuis ! Après avoir connu les restaurations résino- métalliques et céramométalliques, l’arrivée des infrastructures céramiques de haute résistance en odontologie prothétique a marqué l’avènement de l’ère du céramocé-
ramique.
Le procédé céramométallique, bien que toujours d’actualité car présentant un large champ d’indications atteint toutefois ses limites en matière de mimétisme et de bio-compatibilité.
La restauration céramocéramique, qui associe une céramique d’infrastructure à une céramique cosmétique d’émaillage, doit assurer une résistance mécanique à long terme, une biocompatibilité ainsi qu’une apparence naturelle. Durant les vingts dernières années, de nombreux systèmes ont vu le jour en améliorant régulièrement les propriétés mécaniques des matériaux a n d’étendre au maximum le champ des indications cliniques. Il est aujourd’hui possible de concevoir des infrastructures zircone allant jusqu’à quatorze éléments et ainsi apporter une solution céramocéramique à tout type d’édentement sur dent ou sur implant. L’aspect mécanique de ces systè- mes a très largement été documenté et leur abilité démontrée, tant sur le plan de leur résistance en fatigue que sur celui de leur biocompatibilité (2).
Pour autant, tous les systèmes céramocé- ramiques sont-ils équivalents au niveau de leurs propriétés optiques et donc de l’apparence naturelle recherchée ? Ces propriétés optiques ne se limitent pas à la couleur de la restauration (luminosité, teinte, saturation). Elles sont directement fonction de la nature du matériau, de son épaisseur, de l’état de surface, du mode d’assem- blage et du type de substrat sous-jacent. L’interprétation optique de l’observateur sera la synthèse de l’interaction de la lumière avec l’ensemble de ces éléments.

NATURE DU MATERIAU CERAMOCERAMIQUE
Lorsque la lumière rencontre la dent naturelle, le rayonnement incident sera partiellement soit transmis, soit absorbé, soit ré échi, soit réfracté sous une couleur et une orientation différentes. À ces caractéristiques de base s’associent les événements optiques simultanés propres à la dent, telles l’opalescence et la uorescence (3).
La dent naturelle est une entité strati ée d’émail et de dentine, deux tissus minéralisés, à la composition et au comportement optique différents. La couche d’émail super cielle très minéralisée est semi-translucide, alors que la couche de dentine sous-jacente, beaucoup plus épaisse, est semi-opaque. L’opalescence est le fait de la dispersion de la lumière par les cristaux d’hydroxyapatite contenus dans l’émail, conférant un effet bleuté aux rayons ré échis et ambré aux rayons transmis.
La uorescence est essentiellement le fait de la dentine, elle est dé nie comme la capacité à absorber une énergie rayonnante et à l’émettre sous la forme d’une longueur d’onde différente. Sous lumière UV, la dent naturelle présente une uorescence bleu mauve caractéristique. Le comportement optique des systèmes céramocéramiques est essentiellement basé sur leur translucidité a n de favoriser une circulation de la lumière dans l’ensemble « dent/restauration » la plus proche possible de celle de la dent naturelle (4). La translucidité dé nit les nuances que l’on rencontre entre l’opacité complète (ex. métal) et la transparence totale (ex. le verre). Cette notion est à mettre directement en rapport avec le type de matériau utilisé, l’épaisseur des matériaux et le nombre de cuissons (5, 6).
La translucidité prend toute sont importance lorsqu’on fait varier le support dentaire sous-jacent (pilier dyschromié, reconstitution coronoradiculaire métallique, pilier implan- taire titane) ( g. 1 et 2). En effet, la connaissance du niveau de translucidité du système permet de rechercher un effet masquant ou au contraire d’aller vers une trans- lucidité extrême capable de véhiculer les rayons incidents au travers de la dent et des tissus marginaux (7, 8, 9, 10). La situation clinique imposera le type de comportement optique à adopter par le choix du bon matériau et de sa bonne épaisseur.
L’opacité totale étant bien entendu à éviter pour ne pas retomber dans les carences esthétiques des systèmes céramométalliques qui empêchent toute pénétration de la lumière, notamment au niveau des zones cervicales et du fait l’obscurcissement des tissus mous péridentaires. ( g. 3). On peut classer les systèmes céramocéramiques en deux grandes catégories : les systèmes translucides et les systèmes semi-translucides.

Les systèmes translucides
Il s’agit entre autres des systèmes suivants : e.max Press, In-ceram Spinell, céramique feldspathique chargée en leucite (Empress I), céramique feldspathique, uoroapatite (e.max Ceram).
Ces systèmes ont une grande capacité à conduire la lumière au travers de la restauration et de la dent qui la supporte. Cela permet d’obtenir un effet optique très proche de celui de la dent naturelle. L’In-ceram Spinell est la céramique la plus translucide du marché devant l’e.max Press, à épaisseur égale bien entendu. L’e.max Press (disilicate de lithium) est disponible avec diffé- rents niveaux de translucidité (HT : High Translucency, LT: Low Translucency, MO: Medium Opacity, HO: Hight Opacity) mais seuls les matériaux HT et LT sont à classer dans la catégorie des matériaux translucides ( g. 4). Les systèmes translucides sont plus sensibles aux variations d’épaisseur que les systèmes semi-translucides et semi- opaques, ainsi le passage d’une épaisseur de 0,4 mm à 0, 8 mm de e.max Press HT induit une diminution de 45 % de sa translucidité alors que le passage d’une épaisseur de Zircone Light Nobel Biocare de 0,4 mm à 0,8 mm ne génère qu’une diminution de 5 % de son niveau de trans- lucidité ( g. 5) (11).

Conséquences cliniques
Les facettes céramiques et les restaurations unitai- res antérieures sur pilier non coloré restent l’indication majeure de ces systèmes translucides. Leur grande capacité à conduire la lumière donnera à la restauration un aspect naturel inégalable ( g. 6). Toutefois, leur utilisa- tion sur un substrat coloré (pilier coloré ou porteur d’une reconstruction métallique) conduira à un échec esthéti- que, de par la présence d’un halo grisâtre visible au tra- vers de la restauration ( g. 7) (9, 12, 13 ,14).
Il est toutefois important de noter que pour les restaurations coronopériphériques, l’épaisseur importante de l’armature (recommandation du fabriquant : 0,8 mm pour l’e.max Press) est à mettre en rapport avec les résultats de certaines céramiques alumineuses ou zircones (ex: Procéra Alumine) à 0,4 mm d’épaisseur. Certes, le niveau de translucidité de celles-ci est légèrement inférieur (d’en- viron 15 %) (15), mais les propriétés mécaniques sont, elles, nettement supérieures (résistance à la exion IPS Empress 350 Mpa, Procera Alumine 700 Mpa et zircone 1100 Mpa) (2). Ce gain de place peut permettre, soit d’être moins délabrant, soit de donner au céramiste un peu plus de liberté sur la strati cation.
Pour les facettes céramiques sur les dents antérieures pulpées, le choix de la vitrocéramique pressée ou de la feldspathique montée sur matériau réfractaire est très étroitement lié aux habitudes de travail du céramiste. Dans la philosophie actuelle d’une dentisterie minimale- ment invasive, il est parfois dif cile d’obtenir des épais- seurs de réduction suf santes pour mettre en place un matériau d’armature et un matériau cosmétique et ce, sans prendre le risque de créer un surcontour incisif ou de rendre monochromatiques les restaurations par une pré- sence trop marquée du matériau d’infrastructure. Pour les restaurations multiples par facettes ou coiffes antérieures, l’utilisation de la vitrocéramique est la plus indiquée et semble plus facile du point de vue de l’utilisation en laboratoire ( g. 8). Cela permet en outre de rester dans le même matériau s’il y a à la fois des facettes et des coiffes à reconstruire dans le sourire. Toutefois, pour les facet- tes (une ou deux restaurations) le gold standard esthéti- que demeure l’utilisation de céramique feldspathique sur matériau réfractaire. En effet, malgré une mise en œuvre de laboratoire dif cile et très technicien dépendante, ce matériau offrira les meilleurs résultats esthétiques, imitant presque parfaitement le comportement optique d’une dent naturelle; l’aspect mécanique à long terme sera quant à lui potentialisé par le collage (4) ( g. 9).

Les systèmes semi-translucides
Il s’agit des céramiques alumineuses frittées puis in l- trées, type In-Ceram Alumina et Zirconia, de la céramique Cerestore, Hicéram, ainsi que de toutes les céramiques zircones issues de la CFAO. On peut ajouter à cette catégorie les vitrocéramiques MO et HO, qui possèdent un certain pouvoir masquant par la diminution de leur niveau de translucidité.
À l’exception de l’In-Ceram Zirconia, qui est presque totalement opaque (16) et de l’In-Ceram Alumine « semi-opaque », les autres systèmes sont « semi-translucides ». ( g. 7, 10 et 11). De façon croissante, l’In-Ceram Alumina® et l’In-Ceram Zirconia® gagnent en opacité avec l’aug- mentation de la résistance mécanique (15, 17). Les trois armatures In-Ceram (Spinell, Alumina, Zircinia) utilisent des verres d’in ltration, choisis en fonction de la teinte de base sélectionnée, in ltrées avec ou sans vide provoquant des effets optiques différenciés.
L’armature alumine Procéra® (0,6 mm) n’est quasiment pas in uencée par la dyschromie du pilier et a donc un bon pouvoir masquant (18) ( g. 12 et 13). Les armatures en matériau Y-TZP sont bien plus translucides que l’armature In-Ceram Zirconia, tout en gardant la possibilité de masquer les piliers présentant des dyschromies (15) ( g. 14). La relative translucidité d’une armature zircone est toutefois très comparable à celle d’une vitrocéramique MO ou HO, conférant à ces matériaux un pouvoir masquant intéressant. Aujourd’hui, quasiment toutes les céramiques à haute résistance sont disponibles avec différents choix de couleur pour les armatures, ce qui facilite leur stratification. Pour tous les systèmes, outre le choix du type d’armature, la maîtrise artisanale de la stratification de la céramique cosmétique conditionne l’aspect naturel de la restauration ( g.15).
Le manque de uorescence du matériau zircone est compensé par l’ajout de terre rare luminophore (europium, terbium, cérium), soit dans la céramique cosmétique (masse dentine), soit au niveau d’un liner de recouvrement de l’armature (19). L’In-Ceram Zirconia représente un cas particulier au comportement optique quasiment opaque très proche de celui du métal. Son armature est très dif cile à masquer par la strati cation du cosmétique sur les dents antérieures peu épaisses (g. 16).

Conséquences cliniques
L’arrivée de la zircone a permis d’élargir au maximum le champ des indications prothétiques, allant de l’élément unitaire jusqu’au bridge de 14 éléments ainsi que la réali- sation de pilier implantaire ( g. 17 et 18). Cette armature semi-translucide permet toutefois une bonne distribution de la lumière, tout en conservant son pouvoir masquant sur d’éventuels piliers colorés ou supportant des reconsti- tutions coronoradiculaires métalliques (20, 21). Les piliers implantaires en zircone ont permis une réelle avancée dans les traitements esthétiques implantaires du secteur antérieur. En plus de leur bonne propriété mécanique et biologique, ils permettent une réelle diffusion de la lumière dans le matériau, ainsi que dans les tissus mous péri- implantaires environnants, ce qui améliore très considé- rablement l’effet naturel recherché ( g. 19 à 23).

EPAISSEURS DE REDUCTION
Celles-ci sont conditionnées par le choix du système et les recommandations minimales données par le fabricant a n de garantir la solidité mécanique de la restauration. Ce facteur devra être analysé avant toute préparation, en tenant compte du projet prothétique. Les préparations seront réalisées avec un contrôle systématique des épaisseurs de réduction par rapport au projet pro- thétique, a n d’être le plus conservateur possible tout en garantissant l’intégration esthétique et fonctionnelle des prothèses. Ce calibrage sera réalisé, soit par l’utilisation de clés en silicone, soit par la réalisation des préparations directement sur le masque résine du projet prothétique. Toujours dans la philosophie d’une dentisterie minimalement invasive, le système idéal sera celui qui offrira les meilleures qualités optiques, une excellente abilité mécanique et une épaisseur minimale a n de préserver au maximum l’organe dentaire. Le comportement optique des céramiques varie en fonction de leur épaisseur, tou- tefois les céramiques translucides restent plus sensibles à ce phénomène que les semi-translucides (22, 23) ( g. 24).

Conséquences cliniques
La mesure, décrite par Chiche et Pinault, de l’épaisseur vestibulolinguale d’une dent antérieure à la jonction des tiers moyen et incisif, est capitale et exige une grande prudence si cette valeur est inférieure à 2,5 mm (24) ( g. 25, 26).
Une préparation minimale de la face palatine peut s’avérer nécessaire pour aménager un espace suf sant en vestibulaire afin de pouvoir positionner le matériau d’armature et son cosmétique sans créer de surcontour inesthétique ou d’hyperfonction du guide incisif. La face palatine de la couronne sera alors presque totalement occupée par le matériau d’armature (25).
Lorsque la situation clinique le permet, il est parfois intéressant de ne pas standardiser les épaisseurs d’armature demandées a n de rechercher un effet plus ou moins masquant sur les dents à restaurer.

ETATS DE SURfACE
En plus de ses propriétés intrinsèques et de son épaisseur, l’état de surface de la céramique joue un rôle important dans l’interprétation optique de l’observateur. L’état de surface de la céramique peut faire varier de façon non négligeable la quantité et l’orientation de la lumière qui est ré échie sur la surface de la restauration. La face vestibulaire d’une incisive centrale est caractérisée par sa macrotexture (succession de formes concaves et convexes) et sa microtexture sous forme de stries souvent horizontales associées à un rendu satiné ou brillant selon les cas ( g. 27).
En denture naturelle, ces caractéristiques de surface sont variables d’un individu à l’autre et évoluent avec l’âge sous différentes actions érosives des muscles périoraux (joues et lèvres) et de la mastication (26, 27).

Conséquences cliniques
La surface de la restauration devra s’inspirer grandement de l’état de surface controlatéral a n de simuler le mieux possible la ré exion lumineuse ( g. 28 et 29). Il est possible de visualiser cet état de surface en frottant sur les faces vestibulaires un papier d’occlusion ( g. 30) ou en appliquant un lm argenté ( g. 31) sur la dent controlatérale du modèle de travail (28). Il est très fréquent de voir au sein d’une même dent des états de surface différents. Les zones convexes sont en général très brillantes alors que les parties concaves, moins soumises au phénomène d’érosion restent plutôt satinées. Cela a pour conséquence d’augmenter la visibilité des lignes de transition de la dent et donc d’accentuer la perception de sa forme. Au même titre, un aspect très brillant et des stries horizontales augmenteront par exemple la sensation de largeur.

MODE D’ASSEMBLAGE
Le mode d’assemblage dépend directement du système utilisé.
Si la céramique possède une phase vitreuse (ex: felds- pathique, vitrocéramique), la survie à long terme peut être obtenue grâce aux phénomènes d’adhérence acquis par mordançage chimique (acide uorhydrique) de cette phase, silanisation et assemblage grâce à un polymère de collage (29-32). Selon Magne (4), le collage apporte une contribution intéressante à la résistance mécanique, la résine de collage permettant de « répartir » les contrain- tes occlusales sur la couronne. De plus, la fermeture des canalicules dentinaires, obtenue après l’application d’un système adhésif, semble être un traitement de choix pour le complexe pulpodentinaire.
Le mordançage par l’acide uorhydrique a peu ou pas d’action sur les autres types d’armatures et ne peut donc pas améliorer l’adhérence de l’interface résine adhésive/ restauration. Tout assemblage utilisant des ciments adhé- sifs (CVI avec adjonction de résine, composites modi és par adjonction de polyacides, résines) peut être choisi avec des résultats cliniques très satisfaisants.
Différents matériaux sont à notre disposition:
• les verres ionomères renforcés à la résine (CVIMAR), • les résines 4 Meta (ex: Super Bond C&B18),
• les résines composites à base de MDP (ex : Panavia®), • les matériaux composites automordançants (ex: RelyXTM Uni-Cem®).

Conséquences cliniques
L’influence de la couleur de l’agent d’assemblage sur le résultat global est estimée entre 10 % et 15 % pour les systèmes translucides (33). Sur des épaisseurs de 60μm de ces différentes colles représentant le joint dento pro- thétique moyen pour les systèmes céramocéramiques, aucune différence de couleur n’a pu être observée. Il parait dans tous les cas illusoire de vouloir modi er la teinte d’une restauration par l’utilisation d’un agent de xation de couleur variable. Pour autant, cette in uence sera plus significative pour les matériaux céramiques très translucides (In-Ceram Spinell et e-max Press HT).

TYPES DE SUPPORT
Le type de support est le dernier facteur à pouvoir influencer la perception optique d’une restauration (34, 35, 36). En fonction du système utilisé et de son épaisseur, des effets masquants ou translucides seront obtenus. La translucidité ou l’opacité de l’armature peut être utilisée comme un atout face à la situation clinique. Dans le cas de piliers pulpés ou sans dyschromie, l’utilisation d’une armature translucide est un avantage a n de permettre la diffusion de la lumière dans la dent et les tissus marginaux. A contrario, un pilier coloré ( g. 32, 33) (dyschromie radiculaire et/ou faux moignon métallique) nécessite une armature moins translucide a n de supprimer toute in uence défavorable du substrat sur le résultat esthétique nal. Chaque fois que le délabrement radiculaire le permet (au moins 1 mm de dentine périphérique résiduelle), il faut privilégier une reconstitution corono-radiculaire esthétique collée (composite + bre de verre) a n de favoriser la circulation de la lumière ( g. 34). Il est en outre intéressant d’utiliser un matériau de reconstitution à la uorescence proche de celle de la dentine naturelle, a n de favoriser le biomimétisme ( g. 35). En n, en présence d’une dyschromie radiculaire associée à un parodonte n, un épaississement des tissus marginaux sera nécessaire a n d’éviter toute in uence de la couleur radiculaire sur l’apparence naturelle des tissus gingivaux (37). Il est primordial d’adapter le système céramique utilisé au type de support et non l’inverse, a n de ne pas dépasser les indications cliniques de certaines reconstitutions coronoradiculaires esthétiques (38). Dans le secteur antérieur implantaire, l’utilisation des piliers en zircone est aujourd’hui systématique. En plus de leur parfaite intégration biologique, ils garantissent une bonne circulation de la lumière au travers de la restauration, mais également au niveau du parodonte marginal. La lumière peut ainsi être diffusée dans la zone transgingivale, sans l’apparition de grisé caractéristique des piliers implantaires métalliques ( g. 36).

CONCLUSION
Une très bonne connaissance des propriétés optiques et de la résistance mécanique des différents systèmes céramocéramiques est fondamentale pour indiquer leur bonne utilisation en fonction de la situation clinique (tableau I et II). Le talent du céramiste dans la maîtrise de la technique de strati cation et du rendu des états de surface reste néanmoins le facteur clé de réussite de toute restauration esthétique en céramique.

Abstract
OPTICAL PROPERTIES OF FULL CERAMIC RESTORATIONS
Numerous full ceramic systems have been developed during the past 10 years. The constant improvement of mechanical properties of these materials has enabled us to enlarge their field of clinical indications. However, all of the systems do not possess the same optical properties. These properties are not limited to the color of the restorations (luminosity, shade, saturation), and are directly a function of the type of material, its thickness, its surface state, the method of assembly and the type of adjacent substrate. The observer’s optical interpretation will be derived from the synthesis of the interaction of light with all of these elements.

RESUMEN
PROPIEDADES óPTICAS
DE LAS RESTAURACIONES ENTERAMENTE EN CERáMICA
En los últimos 10 años han aparecido numerosos sistemas ceramocerámicos. El constante mejoramiento de las propiedades mecánicas de los materiales ha permitido extender el campo de las indicaciones clínicas. Sin embargo, todos los sistemas no poseen propiedades ópticas equivalentes. Estas propiedades no se limitan al color de las restauraciones (luminosidad, color, saturación) y dependen directamente de la naturaleza del material, de su espesor, de su estado de super cie, del modo de ensamblaje y del tipo de sustrato subyacente. La interpretación óptica del observador será la síntesis de la interacción de la luz con el conjunto de estos elementos.

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les reconstructions osseuses et gingivales (greffes) et l’Implantologie orale. Il maîtrise notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en charge immédiate.

P. Margossian / S. Koubi
7ème congrès de l’Academie greque de Dentisterie esthétique (EAAO)

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.

P. Margossian
DU Implantologie Nice
Nice, 21 mai 2010

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les reconstructions osseuses et gingivales (greffes) et l’Implantologie orale. Il maîtrise notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en charge immédiate.

P. Margossian, G. Laborde, P Andrieu
Dental Forum
Paris, 6 Février 2010

PROGRAMME

JEUDI 4 FEVRIER 2010

10H30-12H00
Mme Catherine MALICHIER
Prévention des Risques Professionnels
M. Bruno HERMETZ
M. J-C OSTERNAUD
Mme M-F SEUREAU

12H00-13H00
M. Georges BOURRELY Le projet prothétique, concevoir et planifier, avant de fabriquer la
prothèse, Dr Gilles LABORDE apports de la CFAO

13H00-14H00 PAUSE

14H00-15H00 M. Enrico STEGER « Prettau Bridge »

15H00-16H00
M. Mickael KNOEPFLI Nouveaux matériaux usinés par la technologie CADCAM :
nouvelles options prothétiques pour répondre à toutes les
Dr Frédéric CAMILLERI situations cliniques et toutes les demandes du cabinet dentaire

16H00-17H00
Pr Sami SANDHAUS
Bioarchitecture prothétique / occlusion tridimensionnelle
M. Charles SAMIT

17H30-18H30 INAUGURATION

VENDREDI 5 FEVRIER 2010

10H30-11H30
M. Mickael KNOEPFLI La valeur ajoutée d’un système CADCAM pour le laboratoire
Dr Frédéric CAMILLERI et le cabinet : quelle rentabilité et quelle organisation ?

11H30-12H30
M. Daniel DUBOIS DU NILAC
L’équation esthétique : mariage de la pressée et du zircone
M. Hervé MARECHAL

12H30-13H00 PAUSE

13H00-14H00
M. Guillaume LECARDONNEL Le rôle du prothésiste dentaire dans le flux numérique avec
Dr Sylvie ZEBOULON la caméra intra oral Lava COS

14H00-15H30 M. Christian FERRARI L’effet progressif

15H30-16H00 PAUSE

16H00-17H00
M. Michel RATHIER Prothèse totale maxillo-mandibulaire
M. Alain BONZOM « Le confort par le principe lingualé »

17H00-18H00
Dr Jean-Marie DEVAUX La prise d’empreintes numériques – enjeux et synergies
M. Imad GHANDOUR entre cabinet et laboratoire

18H00-19H00 Dr Amine BENALOUANE Dental Wings

19H30 GALA

20H30 JEROME DARAN / Spectacle

22H00-23H30 COCKTAIL DINATOIRE

SAMEDI 6 FEVRIER 2010

10H00-10H30
M. Julien CAMBRAY
CRESCO : La prothèse transvissée sécurisée
Dr J-B CHAMPAGNE

10H30-11H00
M. Julien CAMBRAY
ATLANTIS : Piliers sur mesure au quotidien
Dr Dimitri CARPENTIER

11H00-12H00 Table ronde CNIFPD

12H00 – 13H30 Table ronde UNPPD Comment limiter les délocalisations dans notre activité

JEUDI 4 FEVRIER 2010

12H00-13H00
M. Alain ARDIC
Oral harmony in the « Team Work » :
Dr Claude AUTHELAIN nouveau concept de la dentisterie globale

13H00-14H00
M. Dominique BEHAEGHEL Couronnes et facettes céramo-céramique pressées
Dr Daniel LEMMENS et stratifiées

14H00-15H00
M. J-C. ALLEGRE Le tout céramique dans un exercice quotidien au laboraDr
Sébastien MONCHANIN toire et au cabinet dentaire : quoi, pourquoi, comment ?

15H00-15H30 PAUSE

15H30-16H30
Mme Jacqueline FROHMAN
All on nothing : pour un nouveau sourire
Dr Marc OBRECHT

16H30-17H30
Dr Jérôme UNGER La relation chirurgien, cabinet, laboratoire en prothèse imM.
Marc THIRY plantaire

17H30-18H30 INAUGURATION

VENDREDI 5 FEVRIER 2010

10H30-11H30
M. Serge YEGAVIAN
Vital Fusion
Dr Fabrice VERNET

11H30-12H30
Dr Valérie THOMAS ELKAÏM
« Vers un travail idéal »
M. Denis ELKAÏM

12H30-13H00 PAUSE

13H00-14H00
M. Yves GASTARD
Critères de choix esthético fonctionnels des dents
Dr Xavier RAVALEC en prothèse complète muco et implanto portée

14H00-15H00
M. Luc RUTTEN Les clés de la gestion des implants dans la zone
Dr Tidu MANKOO esthétique : intégration de la technologie et biologie

15H00-15H30 PAUSE

15H30-16H30
M. G. LECARDONNEL
Le flux numérique au service de l’équipe de soin :
Dr Thierry ROUACH une réalité…

16H30-17H30
Dr Michel POMPIGNOLI Maintien et rétablissement du sourire
M. Didier RAUX chez les jeunes patients édentés totaux

17H30-18H30
M. Frank KAISER
Prothèses personnalisées sur Implants
Dr L. BALDUINO SCHENKEL

19H30 GALA

20H30 JEROME DARAN / Spectacle

22H00 – 23H30 COCKTAIL DINATOIRE

SAMEDI 6 FEVRIER 2010

10H00-11H00
M. Imad GHANDOUR
Frictions et réalités : compréhension et quantification de la
couleur du dentiste au prothésiste. Les données indispensables
Dr Yves TOLILA pour la résussite d’une prothèse esthétique et fonctionnelle

11H00-12H00
Dr Renaud PETIBOIS Implantologie basale et préparation initiale ostéogénique : clés du
M. Robert MANIERE succès dans les situations extrêmes avec mise en charge immédiate.

12H00-13H00
Dr Gilles LABORDE
Simplicité, efficacité et fiabilité des données cliniques
Dr Patrice MARGOSSIAN transmises au laboratoire
M. Pierre ANDRIEU

13H00-13H30 PAUSE

13H30-14H30
M. Laurent ISNARD
Implantologie « solution de predilection pour la plupart des
Dr Tony MUZY indications »

14H30-15H30
Dr Sepher ZARRINE Nouveauxmatériaux offerts grâce à la technologie CADCAM: des innovations
en implantologie qui vont révolutionner le travail au laboratoire
et offrir des solutions et bénéfices élargis au cabinet
M. Pierre CHAPUIS dentaire pour une haute satisfaction des patients.

15H30-16H30
M. Richard ABULIUS «Le succès de la couleur : grâce à la communication depuis
la prothèse unitaire collée jusqu’aux cas les plus complexes
Dr Pascal ZYMAN esthétiques»

Le Docteur Patrice Margossian est Chirurgien dentiste à Marseille, spécialisé dans les implants dentaires, greffes osseuses, greffes de sinus et greffes de gencive.

P. Margossian
DU Esthétique Strasbourg
Strasbourg, 4 février 2010

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.

P. Margossian
ADF
Paris, novembre 2009

Patrice Margossian, Chirurgien dentiste à Marseille, est spécialisé dans l’Implantologie dentaire, ainsi que les aménagements osseux et tissulaires (greffes osseuses intra sinusiennes, greffes d’apposition, greffes de gencives) parfois indispensables avant la pose des implants dentaires.

P. Margossian
Entretien de Garancière
Paris, septembre 2009

Spécialisé en Implantologie, prothèse implantaire, greffes osseuses et greffes gingivales, le Docteur Patrice Margossian est installé comme Chirurgien dentiste à Marseille, sur l’avenue du Prado.

P. Margossian
CNEPO
Saint Malo, septembre 2009

Le Docteur Patrice Margossian, Chirurgien dentiste à Marseille, est spécialisé dans les implants dentaires et la reconstruction osseuse et gingivale.

P. Margossian
Réunion service OC et Prothèse
Marseille, septembre 2009

Le Dr Patrice Margossian, Chirurgien dentiste installé à Marseille, est spécialisé en Implantologie dentaire, greffes osseuses, greffes sinusiennes et greffes gingivales.

Margossian P., Mariani P., Laborde G.
EMC 23-330-A-05, 2009

Toute réhabilitation par prothèse sur implants doit être précédée d’une étude diagnostique permettant l’élaboration d’un projet thérapeutique. Les guides radiologiques et chirurgicaux permettent l’encadrement de la thérapeutique implantaire, en aidant le chirurgien à positionner les implants selon les impératifs anatomiques d’une part et les nécessités prothétiques d’autre part. La forme de ces guides va varier en fonction du niveau d’édentement (unitaire, partiel ou total) et du type de support (dentaire, muqueux ou osseux). Une excellente stabilité du guide est dans tous les cas recherchée. Ces guides peuvent être réalisés de manière traditionnelle (en faisant appel à une méthode artisanale) ou numérique (grâce à l’avancée de l’imagerie et des machines outils à commande numérique). Dans ce deuxième cas, ces guides sont directifs, permettent un positionnement des implants identique à celui organisé autour du projet prothétique. L’intérêt de l’utilisation de ces guides numériques est décrit et mis en rapport avec leur fiabilité ainsi qu’avec le surcoût technologique et financier qu’ils génèrent.

Mots clés : Guides radiologiques ; Guides chirurgicaux ; Implants dentaires

Introduction

Les thérapeutiques prothétiques utilisant les racines artificielles pour remplacer des racines dentaires comme support de prothèses, font désormais partie des « données acquises de la science » [1]. En présence d’un édentement, l’indication thérapeutique au plan médical est souvent le recours aux implants dentaires. L’extension des indications thérapeutiques conduit à des exigences de plus en plus importantes, tant pour les limites des indications qui sont repoussées toujours davantage, que pour la prévisibilité des résultats. Toute réhabilitation par prothèse sur implants doit être précédée d’une étude diagnostique permettant d’élaborer un projet thérapeutique. Celui-ci simule une proposition prothétique répondant aux exigences esthétiques et fonctionnelles du patient. Cette étape permet de valider la forme et la position des dents à remplacer pour les inscrire dans le schéma d’arcade et d’occlusion du patient. L’objectif prothétique doit, dans tous les cas, être parfaitement cerné et prédéfini par le praticien. Il doit être également visualisé et accepté par le patient. Le rôle des montages de prévisualisation du projet prothétique est essentiel. En cas d’utilisation de racines artificielles, la confrontation du projet prothétique aux données anatomiques du patient devient incontournable, ce rôle est rempli par les guides radiologiques. L’insertion des implants en adéquation avec la position des dents prothétiques est quant à elle assurée par les guides chirurgicaux. Dans le cadre de la thérapeutique implantaire, qui comporte une phase chirurgicale et une phase prothétique, les guides radiologiques et chirurgicaux doivent mettre en relation, le plus simplement possible, ces deux entités en tenant compte des impératifs techniques de chacune afin de trouver les meilleurs compromis [2-4].
Différents cas de figure peuvent être rencontrés.
La solution prothétique est en accord avec les possibilités anatomiques : c’est le cas idéal et le résultat est largement prévisible. La marge de manœuvre est grande et l’utilisation du guide chirurgical n’est pas obligatoire, bien que toujours conseillée. Une évaluation clinique des axes et la maîtrise de l’acte chirurgical permettent d’obtenir un résultat satisfaisant.
Le projet prothétique est en complet désaccord avec le volume osseux sous-jacent. On peut alors recourir à des thérapeutiques autres qu’implantaires mais aussi à des techniques de reconstruction osseuse dont le volume permet la mise en place des implants en compatibilité avec la proposition prothétique du projet thérapeutique.
Le projet prothétique est en léger désaccord avec les possibilités osseuses. Il est alors possible d’idéaliser la position de l’implant ou d’utiliser des astuces prothétiques ou encore d’accroître le volume osseux par greffe ou expansion corticale lors de la pose de l’implant, ce qui reste nécessaire si les exigences esthétiques sont mises en avant.
C’est dans ce troisième cas de figure que l’utilisation du guide chirurgical est fortement recommandée. Il faut en effet optimiser la mise en place de l’implant par rapport à la position de la future dent prothétique.
Plusieurs techniques de réalisation de ces guides radiologiques et chirurgicaux existent, nous allons les définir selon le type d’édentement.

Édentement unitaire

La mise en place de l’implant est déterminée par deux facteurs : le point d’impact sur la crête et son orientation [5]. Le point d’impact permet de situer l’implant à l’aplomb de la dent prothétique sus-jacente (et non d’une embrasure, par exemple) et de respecter les distances de sécurité idéales entre l’implant et les dents adjacentes, autorisant ainsi le remodelage d’une papille naturelle.
Le choix de l’axe implantaire permet, quant à lui, d’adapter au mieux l’axe de l’implant avec celui de sa future couronne prothétique, dans le respect des règles de biomécanique. Pour les prothèses transvissées, la gestion de l’axe permet d’optimiser la zone d’émergence de la vis de fixation. L’utilisation de piliers angulés reste possible pour corriger des divergences trop grandes ; mais l’alignement des axes radiculaires et coronaires semble représenter la situation la plus séduisante sur le plan biomécanique et esthétique. Grâce aux progrès constants de l’imagerie médicale et notamment de la tomodensitométrie, il est actuellement possible de mesurer de manière très précise les volumes osseux. Le guide radiologique permet de superposer à ces images les formes de contour du projet prothétique du patient grâce à l’utilisation de matériaux radio-opaques. Pendant longtemps, seul le point d’impact était retranscrit par l’intermédiaire de billes de métal. Puis, l’utilisation de tiges de guttapercha ou de titane a introduit la notion d’axe. C’est toutefois avec l’apparition de matériaux radio-opaques à base de sulfate de baryum que le volume prothétique a pu réellement être matérialisé [6].
Dans de nombreux cas avec faible résorption osseuse postextractionnelle, il est possible pour un praticien expérimenté de se passer des guides radiologiques et chirurgicaux. La très faible étendue de l’édentement, la présence des dents adjacentes et antagonistes donnent en peropératoire suffisamment d’information à un opérateur expérimenté afin obtenir un bon positionnement de l’implant.
Toutefois, il est préférable, pour plus de sécurité, de visualiser le projet prothétique sur les coupes transverses de scanner afin d’anticiper d’éventuelles difficultés de positionnement ou la nécessité de réaliser certains aménagements tissulaires.
Cela prend toute son importance dans les restaurations du secteur antérieur où l’esthétique dentogingivale est associée à la notion de succès.

Méthode conventionnelle

Sur un modèle d’étude une dent radio-opaque est adaptée et positionnée [7] (Fig. 1). Elle est ensuite incluse dans une base en résine transparente de type prothèse partielle amovible. L’intégration esthétique et fonctionnelle du guide est validée sur le patient (Fig. 2). Un examen tomodensitométrique est prescrit et réalisé guide en bouche. L’analyse des coupes de scanner permet de valider la faisabilité du traitement implantaire et d’indiquer l’éventuel recours à des aménagements tissulaires. La superposition du projet thérapeutique et du volume osseux permet de choisir le diamètre, la longueur, l’axe et le niveau d’enfouissement de l’implant (Fig. 3). Le guide radiologique est alors transformé en guide chirurgical. Une encoche axiale sur la dent du guide ménage l’espace nécessaire au passage des forets, tout en conservant la forme de contour prothétique afin d’aider le chirurgien dans son geste (Fig. 4) [8].

Méthode numérique

Depuis quelques années les progrès de l’imagerie et des machines outils à commandes numériques ont rendu possible la réalisation de guides chirurgicaux beaucoup plus précis.
L’exploitation des images par des logiciels d’analyse radiologique très performants permet de simuler facilement un projet prothétique virtuel (Fig. 5). Celui-ci remplace le guide radiologique physique traditionnel et représente pour les édentements unitaires une solution simple, rapide et fiable pour l’analyse d’une situation clinique.
Ces mêmes logiciels permettent la commande de guides chirurgicaux à appui dentaire pour le cas des édentements unitaires. Ces guides, une fois stabilisés en bouche sur les dents adjacentes, autorisent la réalisation de forages directifs au travers de cylindres métalliques de diamètres croissants. L’implant est alors positionné dans la situation préétablie sur le logiciel d’analyse. Dans le cadre de l’édentement unitaire, ces techniques présentent un surcoût démesuré qui ne justifie pas toujours leur utilisation.

Édentement partiel

Pour l’édentement partiel, l’utilisation de guides radiologiques et chirurgicaux est beaucoup plus courante. En effet, en plus du positionnement idéal de l’implant par rapport à sa future couronne, il convient de gérer le mieux possible l’espace édenté dans son ensemble, afin de restaurer l’harmonie esthétique et fonctionnelle de l’arcade. Les distances de sécurité dent/implant et implant/implant doivent être scrupuleusement respectées pour ne pas compromettre l’intégration et la stabilité biologique de la réhabilitation. Enfin, le choix de la composition dentaire peut être modifié (par exemple le remplacement de deux molaires par trois prémolaires implantaires, la réalisation d’un intermédiaire de bridge…) en fonction de l’espace mésiodistal disponible. Dans le cadre de restaurations partielles, la longueur de l’édentement rend plus difficile l’utilisation peropératoire des adjacentes comme seule référence.
En conséquence, l’utilisation des guides chirurgicaux est plus systématique [9, 10].

Méthode conventionnelle

Des modèles en plâtre des arcades du patient sont montés sur un articulateur. Une simulation de montage est faite soit grâce à des dents artificielles du commerce (Fig. 6), soit par l’intermédiaire de wax-up (Fig. 7). Cette dernière approche offre une plus grande adaptabilité afin de répondre le mieux possible à la situation spécifique. Cette simulation prothétique permet de valider la position des dents, leur dimension, leur rapport avec l’arcade antagoniste. Le projet ainsi constitué est alors transformé en résine transparente et stabilisé sur les dents présentes à la façon d’une prothèse partielle amovible (Fig. 8). Des forages sont réalisés au milieu de chaque couronne et selon leur grand axe, puis investis d’un matériau radio-opaque (gutta, CavitTM).
L’examen scanner fournit des coupes avec une superposition du projet prothétique et du volume osseux du patient. Les marqueurs radio-opaques sont déposés et le guide peut alors servir lors de la chirurgie, pour le guidage des forets (Fig. 9). Il s’agit ici d’un guidage suggéré et non directif, qui laisse au chirurgien une marge de manœuvre importante pour les éventuelles adaptations à une spécificité anatomique.
Il est aussi possible d’utiliser des dents du commerce radio-opaques pour donner une information plus complète sur le projet prothétique, par la matérialisation de la totalité des formes de contour coronaire de la future prothèse (Fig. 10) [11].

Méthode numérique

Comme pour l’édentement unitaire, un projet virtuel peut être organisé sur le logiciel d’analyse scanner, toutefois l’absence d’un trop grand nombre de dents rend aléatoire la fiabilité du projet, faute de repère physique suffisants sur les coupes (Fig. 11) [12]. L’utilisation d’un guide radiologique semble obligatoire pour matérialiser un projet réel. Ce guide radiologique peut être une prothèse partielle amovible en résine indexée grâce à des marquages (petits plots radio opaques) pour le système NobelGuide®, ou une prothèse partielle amovible avec des dents radio-opaques. Le positionnement implantaire est défini en fonction du projet prothétique et le guide chirurgical est recommandé. Ce guide est selon le type d’édentement, à appuis dentaire et/ou muqueux, voire également stabilisé par des clavettes transosseuses.
Les forages sont alors directifs et ne permettent aucune modification peropératoire. En raison de ce dernier point, les guides artisanaux en résine demeurent toujours d’actualité car leur souplesse d’utilisation conserve une grande marge de manœuvre pour le chirurgien et à son sens clinique…

Édentement total

Méthode traditionnelle

C’est sans doute pour ce type d’édentement que les guides sont le plus utiles. En effet, l’absence des dents prive le chirurgien de toute référence sur l’orientation et la position des dents prothétiques. Le patient étant recouvert d’un champ opératoire durant l’intervention, aucune référence faciale ne peut être utilisée. La crête édentée ne peut être prise comme référence horizontale car la résorption consécutive aux avulsions n’est pas un phénomène symétrique et s’avère grandement attachée au passé étiopathologique du site. Un guide radiologique est réalisé en dupliquant la prothèse provisoire du patient en résine transparente (Fig. 12). Des forages le long des axes dentaires et parallèles entre eux sont réalisés et investis d’un matériau radio-opaque (gutta-percha, cavit, etc.). La tomodensitométrie permet de superposer ces axes implantaires idéaux avec le volume osseux du patient (Fig. 13). L’analyse du scanner permet la modification éventuelle de ces axes et le choix du diamètre et de la longueur des implants. Le guide radiologique est ensuite transformé en guide chirurgical par le meulage des zones de résine nécessaire à l’accès des différents instruments de forage et au décollement des tissus mous. La stabilité du guide est assurée par la partie palatine ou linguale postérieure et le volume vestibulaire des dents matérialise le couloir prothétique de guidage (Fig. 14) [13].
En fonction du niveau de résorption, la prothèse comprend ou non une reconstruction prothétique de la zone gingivale. Dans les situations d’émergence naturelle des dents sur la gencive naturelle du patient, il est impératif d’optimiser le positionnement implantaire pour ne pas perturber la composition dentaire (harmonie de la répartition des dents sur l’arcade) (Fig. 15). Ainsi, chaque implant doit être situé à l’aplomb d’une couronne clinique et non face à une embrasure. Pour les prothèses totales ostéo-ancrées avec une fausse gencive, les positionnements implantaires sont moins stricts car l’émergence implantaire se situe au niveau de la gencive prothétique dans une zone non visible, recouverte par la lèvre (Fig. 16). Le choix du type de prothèse (avec ou sans fausse gencive) est fait en préopératoire, en observant le niveau de résorption de l’os alvéolaire et en évaluant le niveau du recouvrement de la crête gingivale par la lèvre lors du sourire et du rire. La dimension verticale d’occlusion idéale doit être maintenue sans pour autant modifier les rapports couronnes/racines, garants d’une esthétique dentogingivale harmonieuse grâce à des dents aux proportions agréables.

Méthode numérique

Une prothèse totale amovible est réalisée et définit un projet prothétique idéal. Cette prothèse est indexée par des petits plots de matériaux radio-opaques (gutta-percha) permettant son repositionnement numérique sur les bases osseuses du patient (Fig. 17). Dans le système NobelGuide® deux examens scanner sont réalisés : un du patient avec sa prothèse en bouche et un de la prothèse seule. L’exploitation numérique des fichiers radiologiques va permettre de positionner le plus idéalement possible les implants en fonction du projet prothétique. Ce même logiciel permet la commande en ligne de guides chirurgicaux à appuis muqueux ou osseux (Fig. 18).
Le guide est alors stabilisé en bouche grâce à des clavettes ou des vis transosseuses. Les forages sont réalisés au travers de cylindres directifs, de diamètre progressif jusqu’à la mise en place des implants (Fig. 19). Les insertions se font selon les axes prédéfinis sur le logiciel grâce au guidage des porte-implants. L’utilisation de ces guides numériques permet une réelle optimisation du positionnement implantaire. Toutefois, il faut être certain du bon calage du guide et de son immobilité tout au long de l’intervention, au risque de biaiser l’ensemble de la procédure. Le protocole flap-less ajoute un réel confort pour le patient en diminuant considérablement les suites opératoires et apporte le bénéfice immédiat d’une prothèse transitoire mise en charge directement sur les implants. Il est toutefois prudent de réserver ces techniques aux situations anatomiquement favorables afin de conserver une marge de sécurité compensant d’éventuelles erreurs dues à un mauvais positionnement du guide ou au jeu des pièces lors des guidages. Il est également important de noter la nécessité d’une ouverture buccale suffisante afin de pouvoir introduire les forets sur le guide. Une simulation de mise en situation des forets est obligatoire (surtout dans les secteurs postérieurs) afin de valider l’indication de la technique [14, 15].

Conclusion

L’implantologie chirurgicale et prothétique est considérablement facilitée par l’utilisation de guides radiologiques et chirurgicaux conformes aux objectifs thérapeutiques fixés. Il s’agit de sécuriser le geste chirurgical par rapport à des spécificités anatomiques, mais aussi de réaliser une prothèse d’usage en accord avec le projet thérapeutique initial grâce au bon positionnement des implants. L’avancée de l’imagerie médicale et l’apparition de logiciels d’analyse toujours plus puissants ont permis une approche numérique dans la gestion du positionnement implantaire. Il est toutefois important de se questionner sur le choix de guides chirurgicaux plus ou moins directifs, autorisant différents niveaux d’adaptabilité clinique pour l’opérateur.

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.