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Tag : prothese sur implant

A. SETTE, G. LABORDE, M. DODDS, G. MAILLE, P. MARGOSSIAN
Stratégie prothétique mai-juin 2014 vol 14, n° 3

Comment vérifier le parallélisme entre les lignes bi-pupillaire et bi-commissurale ? Quel est le protocole photographique utilisé dans cette étude biométrique ? Quels sont les résultats sur les symétries faciales ?

L’esthétique du sourire est créée par l’harmonie de la composition dento-gingivale dans le sourire au sein du visage de nos patients. Certains principes fondamentaux, universellement reconnus, déterminent notre appréciation de ce qui est considéré comme esthétiquement attrayant (1, 2).
À notre époque, santé et élégance sont des atouts majeurs, et les espérances des patients et l’image qu’ils ont de leur personne nous contraignent à toujours améliorer les standards en dentisterie, et à répondre à des demandes de plus en plus pressantes pour réussir des prothèses naturelles (3). Une analyse faciale, dento-labiale, dentaire, gingivale est un point de départ indispensable à une réhabilitation prothétique. En effet, une analyse esthétique préalable à un traitement prothétique donne au praticien l’information nécessaire au choix des meilleures approches en fonction de chaque individu (4, 5).
La communication entre le praticien et le prothésiste est indispensable à l’obtention du résultat prévisible recherché. La transmission des données esthétiques au laboratoire permet, quant à elle, d’aider le céramiste à optimiser le résultat afin d’obtenir un sourire en harmonie avec le visage (6). L’objectif de ce travail consiste à établir des standards quant à l’utilisation des plans de références faciaux lors de reconstruction dentaire et gingivale.
En dentisterie esthétique, il est admis que la restauration doit être en accord avec la gencive, le sourire, et plus globalement, avec le visage du patient, lui-même défini par le cadre facial, représenté par des référentiels horizontaux et verticaux (7), ce qui suppose une analyse faciale, dento-labiale optimale.
De nombreux auteurs ont montré que la Ligne Bi-Pupillaire (LBP) doit être considérée comme la référence horizontale de nos thérapeutiques, de même que la Ligne Sagittale Médiane (LSM) doit être considérée comme référence verticale (4, 8). Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude n’a montré la pertinence de l’utilisation de l’horizon comme référence horizontale. En est-il est de même pour les attitudes thérapeutiques à adopter dans les situations d’asymétries faciales (7), qu’elles soient verticales ou horizontales ?

Cette étude a plusieurs objectifs :
• vérifier s’il existe un parallélisme entre les lignes bi-pupillaire (LBP), bi-commissurale (LBC), l’horizon et un cadre facial de référence du visage,
• définir quelle est la référence horizontale la plus pertinente à utiliser lors d’une réhabilitation esthétique ,
• mesurer les angles formés entre le plan esthétique, le plan de Francfort et le plan de Camper,
• vérifier dans une vue de profil du visage que le plan esthétique est confondu avec l’horizon lorsque le patient a la tête droite et qu’il fixe son regard au loin.
Parallèlement, pour intégrer ces notions, il nous semble nécessaire d’évaluer le seuil de perception du parallélisme entre deux lignes par l’oeil humain, et donc intégrer une restauration dans un visage, avec des axes de références harmonieux, permettant de répondre aux traitements restaurateurs du secteur antérieur maxillaire.
Enfin, l’ensemble du protocole établi doit permettre une analyse de la symétrie faciale horizontale et verticale dans un plan frontal. Cette analyse permet de démontrer si un visage est symétrique ou non, et, le cas échéant, de qualifier et quantifier cette asymétrie. Cette partie de l’étude est destinée à comprendre comment intégrer au mieux dans nos thérapeutiques les notions de symétrie/asymétrie.

Matériels et Méthodes

Protocole photographique
Le protocole utilisé dans cette étude consiste en la réalisation d’une série de photographies du visage : trois de face (repos – sourire léger – sourire forcé), et
une de profil à l’aide d’un appareil photographique
numérique (Nikon D90). Ce protocole est réalisé sur 160 étudiants en Odontologie de la Faculté de Marseille. Une information complète est délivrée à chacun d’eux. Un délai de réflexion de 48 heures est respecté et les sujets ne sont inclus dans l’étude qu’après avoir posé toutes leurs questions sur le protocole à l’investigateur principal. De plus, ils doivent avoir lu, approuvé et signé un consentement éclairé. Les critères d’exclusion sont :
– les photographies floues ou non cadrées,
– le sujet fermant les yeux,
– le sujet ne regardant pas droit devant lui ou ne se tenant pas droit,
– sujet sans aucun antécédent de traitement orthodontique ou de reconstruction prothétique sur les dents antérieures,
– sujet sans passé traumatique au niveau de la face.
Le nombre de sujets nécessaires pour cette étude a été calculé pour mettre en évidence de façon significative une différence de 1° entre la ligne bi-pupillaire et le plan horizontal de référence, avec un risque d’erreur de première espèce α = 5 % et une puissance (1-β) = 80 %. Le nombre de sujets nécessaire est évalué à 45 individus.
L’appareil photographique est positionné sur un trépied à la hauteur des yeux du patient et réglé de façon à reproduire l’horizontalité. De même, un dispositif laser (Black et Decker) permet la projection sur un arrière-plan monochrome d’une ligne horizontale et d’une ligne verticale. Les clichés sont pris, sujets debout regardant l’objectif de l’appareil. L’ensemble des photographies est réalisé à une distance d’un mètre et trois mètres pour chacun d’eux.

Analyse des photos
Les photographies sont ensuite transférées sur un ordinateur (Imac®-MacosX®), et exploitées grâce au logiciel Keynote® (2011). Sur la photographie de face de chaque sujet, un cadre que nous avons dénommé cadre facial de référence est réalisé par conception numérique afin de préciser la position spatiale et l’axe du visage. Ce cadre rectangulaire est tracé en vert sur une photo de face de façon à circonscrire harmonieusement le visage du patient. Sa médiane définie la référence verticale du visage. À partir de cette médiane, des parallèles délimitent verticalement ce cadre facial, et deux perpendiculaires ferment horizontalement le cadre (fig. 1). Six observateurs, 3 dentistes et 3 non-dentistes, ont validé le positionnement harmonieux du cadre de référence autour du visage.
Ensuite, les lignes de référence horizontales (LBC-LBP) sont tracées en jaune sur les photographies (fig. 1). Des segments bleus tracés sous la ligne bi-pupillaire permettent de quantifier une éventuelle asymétrie faciale horizontale (fig. 2). Enfin, sur les photos de profil, le plan de Camper est représenté en bleu (fig. 3).

Mesure du seuil de perception du parallélisme par l’oeil humain
Deux segments, l’un de 6 cm représentant la LBP, l’autre de 4 cm pour la ligne LBC sont tracés parallèlement sur une feuille, espacés de 7 cm (distance LBC au bord libre de l’incisive centrale). On réalise des duplicatas de ces tracés, en faisant varier l’angle initialement nul, par paliers de 0,5 degrés. Des tracés de -3° à 3° sont alors obtenus et présentés aléatoirement, chaque sujet, à hauteur du regard et à une distance de 1 mètre et 3 mètres. Chaque sujet doit exprimer son ressenti sur le parallélisme ou non des droites (fig. 4).

Résultats

Expérience 1

Analyse des lignes de référence
Les variables mesurées sont les angles observés entre les lignes bi-pupillaire, bicommissurale, d’horizon, l’horizontale du cadre, le plan incisif et le plan de Camper et la différence entre les distances « pupille droite – LSM » et « pupille gauche – LSM ». Il s’agit donc uniquement de variables quantitatives continues. Les tests statistiques utilisés dans l’étude du parallélisme des lignes horizontales, pour comparer une moyenne à une valeur théorique ou deux moyennes entre elles, sont le test Z et le test des « randomized blocks » pour comparer plusieurs moyennes sur échantillons appariés. Le test statistique utilisé dans l’étude de la symétrie du visage, est
un test de Student apparié.
Tous ces tests sont mis en place avec un risque d’erreur α = 5 % et une puissance (1-β) = 80 %.
Les tests statistiques réalisés ont permis d’objectiver les moyennes suivantes :
– 0,51° entre la ligne bi-pupillaire et l’horizon du cadre,
– 1,97° entre la ligne bi-pupillaire et l’horizon laser,
– 0,67° entre la ligne bi-pupillaire et la ligne bi-commissurale,
– 0,96° entre la ligne bi-pupillaire et le plan incisif,
– 2,18 mm d’asymétrie horizontale, (mesure LSM – pupille droite/LSM – pupille gauche),
– 1,75° entre l’horizon du cadre et l’horizon laser.

Symétrie/Asymétrie (fig. 5)
La symétrie faciale existe chez 36 % des sujets de l’étude. Une majorité des sujets (64 %) photographiés présentent des asymétries faciales. Elle se décompose ainsi :
– 52,4 % d’asymétries horizontales (différence de largeur droite/gauche) ,
– 6,9 % d’asymétries verticales (différence de hauteur droite/gauche, niveau orbitaire) ,
– 4,7 % d’asymétries mixtes, verticales et horizontales.
L’asymétrie horizontale est souvent importante avec 31 % des sujets présentant une différence de largeur entre le côté gauche et le côté droit supérieure à 1,5 mm.

Orientation latérale du plan esthétique
Dans une vue de profil, la différence entre le plan de Camper et de Francfort est de 18°. Le plan esthétique est situé 8° audessus du plan de Camper et 10° en dessous de Francfort.

Expérience 2

Seuil de perception du parallélisme par l’oeil humain
Le tableau I met en évidence que, dans les conditions de l’expérimentation, le seuil de perception du parallélisme par l’oeil humain à 3 mètres pour percevoir le strict parallélisme se situe autour de 0,5° pour environ 4 % (± 1%) des observateurs. À partir de 1°, environ 27 % (± 2%) de la population perçoit l’absence de parallélisme. Cette sensibilité est légèrement supérieure lorsque l’observation se fait à 1 mètre.

Discussion

L’analyse faciale est une étape clé de tout traitement esthétique. Les standards esthétiques empiriques de reconstruction (4, 8, 11) doivent être confrontés à des études biométriques pour confirmer ou infirmer ces notions. Contrairement à ce qui a déjà été fait dans la littérature (12-13), il nous est paru important de comparer les lignes de référence anatomiques, horizontale (LBP) et verticale (LSM) par rapport aux axes de reconstruction idéale du visage repéré avec le cadre facial de
référence DITRAMAX® (vert).
La comparaison de l’axe vertical déterminé par le cadre de référence nous a permis de faire la différence entre de vraies asymétries faciales et un port de tête incliné. Contrairement à Lee, notre étude montre que l’horizon de référence est inefficace, avec une divergence importante d’environ 2°:
– 0,51° de moyenne entre la ligne bi-pupillaire et l’horizontale du cadre ;
– 1,97° de moyenne entre la ligne bi-pupillaire et l’horizon laser.
En effet, le tableau II met en évidence le degré de fiabilité des inter-relations entre les lignes horizontales :
– très efficientes entre, LBP, Hc, LBC.
– efficientes entre LBP, HC et PI
– inefficaces quant à Hr.
La seconde expérience a pour objectif de déterminer le seuil de perception du parallélisme par l’oeil humain entre deux lignes simulant la ligne bi-pupillaire et le plan incisif. Par des variations d’angle de la ligne incisive sur une photo de visage modifiée par informatique, Behrend (14) trouve une sensibilité d’environ 1° avec 21 observateurs. Dans notre étude, le test se limite à l’observation de deux lignes, sans l’influence du visage, afin de focaliser sur la sensibilité de l’oeil à percevoir
le strict parallélisme. Ce test fait avec 160 observateurs, montre une sensibilité supérieure à 0,5° pour 5 % de la population et à 1° pour le plus grand nombre (tableau I).
Ces résultats montrent un pouvoir discriminant de l’oeil humain à partir de 1°. Ainsi, dans 88,4 % des cas (36 % de symétriques + 53 % d’asymétries horizontales, voir fig. 5) la ligne bi-pupillaire reste la principale référence horizontale de reconstruction.
A contrario 11,6 % des sujets (asymétriques verticaux + asymétriques mixtes, voir fig. 5) présentent donc un caractère d’asymétrie verticale qui conduit à choisir un axe de reconstruction horizontal différent. Au-delà du seuil de perception de l’oeil humain (1°), cet axe est souvent la moyenne des orientations entre LBP et LBC. La médiane du cadre de référence (vert) devient la référence verticale de reconstruction. En pratique clinique, c’est le cadre facial de référence (vert) qui défini les axes, horizontal et vertical, du visage. Au-delà du potentiel de discrimination de l’oeil (1°), une photo visage, DITRAMAX® en place permet de mettre en évidence les références verticale et horizontale de la reconstruction (fig. 6.) La LBP ne peut plus être la référence horizontale. Il est alors possible d’évaluer l’importance de la correction au niveau des pupilles (fig. 7).
Ceci est en accord avec les résultats de Behrend (14), qui obtient une influence significative de l’ensemble de ces lignes sur le choix de l’axe horizontal de reconstruction, en incluant un axe vertical représenté par la perpendiculaire à la ligne inter-méatique. La ligne bi-commissurale est la plus importante après la ligne bipupillaire, car très proche de la zone de reconstruction (tableau I).
Dans cette étude sur 160 sujets, l’angle moyen entre la ligne inter-méatique et le plan de référence horizontal esthétique est de 1,5° (SD 0,9°). De nombreux auteurs (4, 5) ont décrit les conséquences
cliniques du manque de parallélisme entre la ligne inter-méatique, qui est la référence horizontale des arcs faciaux, avec le plan esthétique horizontal. Dans cet exemple, une prothèse antérieure parfaitement horizontale sur l’articulateur présente, une fois en bouche, un défaut d’alignement esthétique majeur. Il est par conséquent important de communiquer au laboratoire l’orientation du plan esthétique antérieur horizontal et sagittal afin de garantir la bonne intégration esthétique des prothèses.
De nombreux auteurs ont souligné que la majorité des visages sont naturellement asymétriques (9, 15). Nous trouvons en effet dans notre étude que 64 % des
sujets présentent un caractère d’asymétrie (fig. 5). Il est toutefois important de faire la différence entre l’asymétrie verticale et horizontale. Au sein de la population étudiée, les asymétries se répartissent de la façon suivante : 52,4 % des sujets présentent une asymétrie horizontale, 6,9 % verticale et 4,7 % mixte, horizontale et verticale (fig. 5).
L’asymétrie horizontale droite/gauche, bien que fréquente, n’est pas problématique du point de vue clinique, car elle ne modifie pas les axes esthétiques de reconstruction (LBP et LSM). Elle est en général associée à un décalage latéral du milieu interincisif lié au différentiel de croissance entre le côté droit et gauche de la face.
Sur l’ensemble de la population étudiée, la répartition des sujets ayant un port de tête incliné est (tableau III) :
– peu importante pour les sujets symétriques (15 %) ;
– nettement majoritaire pour les sujets asymétriques verticaux (75 %) ;
– très importante pour les sujets asymétriques horizontaux (48,6 %) et mixtes (62 %).
Enfin, en accord avec les résultats de Lee, en vue de profil, le plan esthétique se situe entre les plans de Francfort et Camper à environ 9° de chacun d’eux (7). Ce plan donne l’axe de vision du modèle selon l’aspect naturel et assure ainsi la bonne gestion de la courbure incisive. Si le prothésiste travaille dans l’alignement au plan de Camper, il aura tendance à rallonger les incisives centrales, et inversement s’il suit le plan de Francfort. Il est là aussi capital que le prothésiste perçoive le modèle dans la situation la plus proche possible de l’aspect naturel du visage, c’est-à-dire environ 10° au-dessus du plan de Camper.

Conclusion

Cette analyse biométrique des visages a permis de valider des règles couramment utilisées dans le domaine de l’esthétique faciale. La ligne bi-pupillaire (LBP) est la référence horizontale des traitements dentaires en secteur esthétique pour 88,4 % des patients (sujets avec symétrie verticale + ceux avec symétrie horizontale + sujets avec asymétrie horizontale). La référence verticale de ces traitements est toujours la médiane du cadre de référence (vert).
Ce cadre de référence est aussi une aide à la perception des asymétries verticales qui représentent environ 11,6 % des sujets. De tels patients sont traités eu utilisant comme référence horizontale soit :
• la ligne bi-commissurale (LBC) lorsqu’elle est parallèle à la ligne horizontale du cadre de référence,
• la bissectrice de l’angle formé par LBP et LBC lorsqu’elle n’est pas parallèle à la ligne horizontale du cadre de référence.
Enfin, la sensibilité de l’oeil humain à percevoir des différences de parallélisme entre les lignes LBP et LBC se situe aux environs de 1°, le choix de la référence horizontale est alors indifférent.
Dans le plan sagittal, la différence entre le plan de Camper et de Francfort est de 18°. Le plan esthétique est situé 8° au-dessus du plan de Camper et 10° en dessous de Francfort.

Le Docteur Patrice Margossian est Chirurgien dentiste à Marseille, spécialisé dans les implants dentaires, greffes osseuses, greffes de sinus et greffes de gencive

P. Margossian
SOP, Paris, 11 avril 2013

Les dogmes et leur valeur scientifique (par Patrice Margossian et Philippe Russe)

LES PATIENTS

Le tabac ; il est recommandé d’en proscrire l’usage, même s’il ne constitue pas une contre-indication absolue sur le plan médico-légal.

La maladie parodontale ; elle majore la péri-implantite et la perte osseuse. Les biphosphonates représentent un risque réel.
La vitamine D ; elle aurait un rôle essentiel dans la cicatrisation. Il est nécessaire de supplémenter les patients âgés de plus de 65 ans. Pour le cholestérol, le LDL est responsable d’un retard de cicatrisation.

QUEL IMPLANT POSER ?

Les implants courts sont dits « à risque », mais cela n’est pas vérifié par la littérature. Le taux de survie augmente avec la longueur, mais pas avec le diamètre. Il est recommandé d’éviter les forces obliques et les implants courts en titane lisse.

Les implants angulés ont un bon pronostic selon la littérature. Les petits diamètres seront utilisés pour le remplacement des incisives mandibulaires ou des latérales maxillaires.

Les microspires limiteraient la perte osseuse marginale, mais cette hypothèse n’est pas corroborée par la littérature. Les études montrent qu’elles augmentent la concentra- tion de stress dans l’os.

Pour le type de connexion, si on considère les avantages et les inconvénients, la différence entre les connexions internes et externes n’est pas importante. Ce qu’il faut retenir, c’est que le dévissage est plus important si on n’utilise pas de clé dynamométrique.

QUELLE TECHNIQUE CHIRURGICALE ?

La position de l’implant : le point d’impact doit respecter les distances de sécurité et le volume osseux. L’émergence de la vis doit se faire au niveau de la table occlusale. Le col de l’implant doit être juxta ou légèrement infra-osseux.

Un temps ou deux temps : selon la littérature, il n’y a pas de différence significative entre les deux techniques. Cependant, c’est la deuxième phase qui permet de gérer l’optimisation des tissus mous. D’autre part, s’il n’y a pas de bonne stabilité primaire ou si le patient est porteur d’une PAP, mieux vaut choisir la technique en deux temps. En cas d’operculisation, il faut anticiper la phase 2. La mise en charge : il y a 30 ans, selon le dogme, il fallait attendre six mois avant de mettre en charge. Aujourd’hui, la mise en charge immédiate ne pose pas de problème à la mandibule. En revanche, au maxillaire, il y a une insuffisance de niveau de preuve.

L’EMPREINTE


Le porte-empreinte : selon le dog- me, il convenait d’utiliser un porte- empreinte ouvert. Ouvert ou fermé, il est aujourd’hui recommandé d’utiliser le porte-empreinte le plus rigide possible.
Les transferts : plus ils ont une forme anguleuse, meilleurs sont les résultats.

Les matériaux : plus la rigidité après prise est importante, meilleurs sont les résultats.


LES PILIERS

Selon le dogme, les piliers devaient être en titane. Une étude de 2008 affirme que les deux matériaux de choix sont le titane et la céramique. Les études récentes montrent une convergence sur l’intérêt des implants platform switchés. Démonter plusieurs fois les piliers de cicatrisation déstabilise la néoadhésion. Il faut donc éviter la manipulation des composants sous-gingivaux et utiliser un pilier unique.

Les études attestent que des piliers de forme concave en vestibulaire préservent une épaisseur nécessaire de tissu. Au palais, la forme droite est la plus adéquate et la plus aisée pour le nettoyage. En proximal, le but est de maintenir les papilles, et les formes anatomiques à dominance concave sont donc à favoriser.

On remarque que, pour la prothèse scellée, les complications sont plutôt d’ordre biologique et, pour la vissée, plutôt mécanique. Il est conseillé de se diriger vers la vissée lorsque les restaurations sont étendues. Lorsque l’on utilise une prothèse scellée, il faut se concentrer sur l’élimination des excès de ciment.

La dent sous contraintes s’enfonce beaucoup plus que l’implant. La meilleure solution est le bridge implanto-porté pur. Si l’on doit réaliser un bridge dent/implant, les recommandations actuelles préconisent de lier très rigidement les dents et les implants. En cas de désolidarisation, l’axe de rotation doit être sur l’implant.

Il n’y a pas de lésions osseuses notables sur les implants supportant un cantilever mais, pour des raisons mécaniques, il faut préférer les solutions avec plusieurs implants quand elles sont envisageables.

Il faut avoir une occlusion axée sur le centre de la dent et exercer les contraintes de guidage par des fonctions de groupe sur les dents naturelles.

Le rapport inversé racine/couronne n’augmente pas le taux d’échec. Il est recommandé de solidariser les implants contigus lorsque le rap- port est défavorable et de ne pas dé- passer un rapport de 2 pour 1.
Il est donc conseillé de solidariser les implants dans les cas d’implants courts, de parafonction, d’os de faible densité et de restauration de grande étendue.

Il n’y a pas de contre-indications à prendre des clichés peropératoires dès lors qu’ils sont justifiés. Pour se prémunir de l’éruption continue, il faut faire attention à la fin du traitement orthodontique. Un guidage antérieur correct et une anticipation sont nécessaires.

Légendes des neuf photographies :

photo. 1-2

Utilisation d’un Procera® implant Bridge Zirconia direct pour garantir l’intégration esthétique
et biologique sur cet édentement antérieur mandibulaire.

photo. 3-4

La bonne position tridimensionnelle de l’implant est sans doute l’élément le plus important
de la réussite prothétique et du maintien
dans le temps des tissus péri-implantaires.

photo. 5-6

L’utilisation des implants étroits (Nobelactive® 3.0) permet une meilleure optimisation des espaces pour les latérales maxillaires ou les incisives mandibulaires. Davantage d’os est ainsi ménagé autour des implants, et des piliers plus anatomiques
qui améliorent
la réponse tissulaire peuvent être obtenus.

photo. 7-8-9

L’utilisation du profil d’émergence, validé sur le provisoire, va permettre de transférer les informations
sur les formes de contour de la prothèse d’usage
grâce à la technologie cFao Procera®.

Spécialisé en Implantologie, prothèse implantaire, greffes osseuses et greffes gingivales, le Docteur Patrice Margossian est installé comme Chirurgien dentiste à Marseille, sur l’avenue du Prado.

P. Margossian
Formation continue, Faculté d’Odontologie
Marseille, 8 décembre 2012

P. Margossian
Journées dentaires de Strasbourg
Strasbourg, 27 septembre 2012

Le Docteur Patrice Margossian, Chirurgien dentiste à Marseille, est spécialisé dans les implants dentaires et la reconstruction osseuse et gingivale.

P. Margossian , S. Koubi , G. Maille, E. Loyer, G. Laborde, M. Laurent
Information dentaire septembre 2012

Patrice Margossian
MCU, Département
de Prothèse (Faculté d’Odonto- logie de Marseille)

Stefen Koubi
MCU, Département d’Odontologie conservatrice (Faculté d’Odontologie
de Marseille)

Gerald Maille
Ancien Assistant, Département de Prothèse (Faculté d’Odontologie
de Marseille)

Eric Loyer
Assistant, Département de Prothèse (Faculté d’Odontologie
de Marseille)

Gilles Laborde
MCU, Département de Prothèse (Faculté d’Odontologie de Marseille)

Michel Laurent
MCU, Département de Prothèse (Faculté d’Odontologie de Marseille)

Abstract
Les objectifs de la dentisterie esthétique sont de créer des dents aux proportions agréables et un agencement dentaire en harmonie avec la gencive, les lèvres et le visage du patient [1]. Ce cahier des charges s’applique bien entendu aussi bien aux restaurations prothétiques sur dents naturelles qu’à celles sur implants. L’obtention d’un résultat d’apparence naturelle, sur le plan esthétique comme fonctionnel, ne peut donc se concevoir sans une intégration dento-gingivale parfaite de nos prothèses. La communication entre le cabinet et le laboratoire est à la base de cette réussite. En effet, l’empreinte, l’enregistrement de la relation inter-arcade, le transfert des données esthétiques et fonctionnelles sont autant d’éléments qui peuvent faire basculer un traitement simple vers le chaos.

Empreinte implantaire dans secteur antérieur
Les réhabilitations antérieures représentent, par leur situation, un dé esthétique majeur. Chez environ 80 % de nos patients, le rire et le sourire laissent apparaître la zone gingivale de manière signi cative [2]. Il est donc essentiel, dans les situa- tions d’émergence naturelle (sans fausse gencive), que la partie transgingivale de la prothèse puisse soutenir correctement les tissus en n de garantir l’esthétique dento-gingivale. Cela est rendu pos- sible par l’utilisation de piliers anatomiques de type Procera® (Nobel Biocare) [3].
La muqueuse aura été modelée au préalable par la prothèse transitoire, grâce à des formes de contour adaptées (concave en vestibulaire, plat ou convexe en proximal et palatin) [4]. L’objectif est ici de transférer au laboratoire, à la fois la position tridimensionnelle de l’implant et la forme exacte du berceau gingival péri-implantaire [5].
Lors du retrait de la prothèse transitoire, nous pouvons constater une collapse quasi instantanée des tissus (moins de 5 minutes) ( g. 1a et b). Cela a pour conséquence d’empêcher un enregistrement direct sur la muqueuse et indique l’utilisation de la prothèse transitoire comme référence morphologique.
La première étape consiste à dévisser la dent provisoire et la positionner sur une réplique. Le tout sera alors noyé dans un peu de silicone lourd a n d’enregistrer la forme de contour transgingivale ( g. 2a). A ce stade, il est important d’orien- ter (vestibulaire, mésial…) le silicone, a n de ne pas se tromper sur la position du futur transfert personnalisé. Après la prise du matériau, la dent provisoire est retirée et remplacée par un trans- fert de type porte-empreinte ouvert. L’espace vide entre le transfert et le silicone est alors investi par un composite ou une résine uide (par exemple, résine Duralay) ( g. 2b). Après polymérisation, le transfert est dévissé et ébarbé. Il est ensuite vissé en situation et le bord vestibulaire de résine est ramené à la fraise au niveau du rebord gingival ( g. 3a et b). Cela va permettre au prothésiste de valider la position verticale du parodonte marginal, contournant ainsi les éventuelles erreurs liées à la déformation dimensionnelle des fausses gencives en silicone. Le modèle de travail est donc ainsi la reproduction exacte de la situation clinique den- taire, implantaire et gingivale. Le prothésiste sera alors dans les meilleures conditions pour modéliser son pilier implantaire. Sa zone transgingivale sera la réplique exacte de celle organisée sur le provisoire a n de garantir le soutien et la stabilité des tissus péri-implantaires ( g. 4).

Communication des données fonctionnelles
La pérennité prothétique ne peut se concevoir sans une parfaite intégration fonctionnelle de nos restaurations implantaires. En dehors du cadre des restaurations partielles localisées, il est primordial de transférer au laboratoire les modèles de travail sur simulateur. Ainsi, les réglages fonctionnels seront le plus proche possible de la réalité clinique. Historiquement, le plan de référence en prothèse est le plan de Francfort, mais la plupart des articulateurs utilisent en fait le Plan Axio-Orbitaire (PAO) par approximation statistique comme référence. Comme le plan de Francfort, le PAO est un plan horizontal, mais qui passe postérieurement par les points condyliens. Ce plan de référence squelettique va servir à positionner le modèle maxillaire sur l’articulateur grâce à l’utilisation d’un arc facial, dans une position très proche de la réalité clinique, a n de pouvoir simuler au mieux la cinématique mandibulaire. Le montage du modèle mandibulaire se fera quant à lui grâce à l’enregistrement de la relation intermaxillaire. Il convient alors de choisir une position de référence. Dans le cadre de restaurations partielles, si l’OIM (occlusion d’intercuspidie maximale) du patient est fonctionnelle, il suf t de la conserver et de la renforcer grâce à la nou- velle restauration. Pour les restaurations de grande étendue associées à une occlusion de convenance non fonctionnelle, il convient d’utiliser la relation centrée (une position purement articulaire) comme référence et d’organiser les engrainements dentodentaires dans cette position. C’est la définition de l’occlusion de relation centrée (ORC). Pour plus de précision occlusale, il est conseillé d’enregistrer la relation inter-maxillaire au plus près de la DVO idéale [6]. Les méthodes de détermination d’une bonne DVO sont directement dérivées de la pro- thèse complète. Le premier élément est l’obtention de dimensions faciales harmonieuses en vue de face et de pro l lorsque le patient est en occlusion. Les tests phonétiques aideront aussi à sa détermination ; la prononciation du M, par exemple, devra dé nir un espace libre d’inocclusion pouvant aller de 2 à 5 mm et permettra de plus le choix d’une longueur dentaire idéale en fonction du niveau d’exposition des incisives centrales au repos. Il existe toutefois une grande capacité d’adaptation fonctionnelle aux variations de DVO, ce qui permet, dans de nom- breuses situations, de proposer une surélévation à des ns purement prothétiques.
Dans le cadre des réhabilitations totales implanto-portées, il est assez fréquent d’utiliser la prothèse transitoire de mise en fonction immédiate pour transférer la relation inter-arcade ( g. 5). Cette prothèse a en effet été en fonction durant plusieurs mois et a permis de valider l’équilibre neuromusculaire du patient. Le patient ne sera donc pas surpris par une position mandibulaire différente ou une variation de sa DVO. Cela offre en outre un support rigide d’enregistrement qui garantit la précision du montage.

Communication des données esthétiques
Dans les reconstructions du secteur antérieur, comme dans les grandes réhabilitations, il est également nécessaire de communiquer au laboratoire de prothèse les paramètres esthétiques du visage du patient. Ces informations précieuses permettront de créer des morphologies dentaires adaptées et un agencement parfaitement harmonieux. La photographie est un élément indispensable à la base de toute ré exion esthétique [7]. Sans entrer dans des protocoles photos complexes, il demeure nécessaire d’avoir des photos du visage de face avec différents niveaux de sourire et une photo du visage toujours de face, mais avec un rire forcé, bouche entrouverte. Cette situation proche de la grimace est obtenue très simplement en demandant au patient de prononcer assez fort la lettre A ( g. 6). Grâce au contraste créé par le fond de la bouche, le bord des dents maxillaires est parfaitement dessiné et facilite ainsi la mise en relation des dents avec le reste du visage. Deux lignes, l’une verticale l’autre horizontale, centrées sur le visage, permettront d’orienter la photo et d’évaluer simplement le niveau de symétrie ou d’asymétrie verticale et/ou horizontale. Dans 88 % des cas, la ligne de référence horizontale est la ligne bipupillaire. La ré-orientation du visage de façon à ce que le plan sagittal médian soit strictement vertical, ainsi que le recadrage de la photo, sont indispensables avant la transmission au laboratoire, a n d’éviter au pro- thésiste toute erreur de perception.
Bien que la photo permette, sur un plan diagnostic, de relever les digressions esthétiques, il n’est pas possible, sur une photographie, de quanti er le niveau d’erreur. Ainsi, le prothésiste n’aura qu’une simple tendance de correction non mesurable. L’utilisation de l’arc facial pour positionner le modèle maxillaire, très intéressant du point de vue occlusal, est souvent aussi une source d’erreur du point de vue esthétique [1]. En effet, on observe chez plus de 40 % des patients une absence, plus oumoins marquée, de parallélisme entre la ligne bipupillaire et le plan de Francfort, avec pour conséquence clinique une non-intégration esthétique des restaurations [8] ( g. 7). Ainsi, des couronnes en bonne position sur l’articulateur se retrouvent orientées obliquement dans la bouche du patient. Cela oblige le céramiste à modi er les formes et les axes des dents, avec pour conséquence la destruction d’une grande partie de la caractérisation des bords libres et une altération du rendu esthétique de la céramique.
C’est pourquoi nous utilisons depuis plusieurs années le système Ditramax® pour communiquer au laboratoire les axes de reconstruction esthétique [9]. Il permet d’enregistrer les lignes de référence esthétiques de la face et de les transférer directement sur le modèle en plâtre servant à la réalisation des prothèses ( g. 8a et b). Cet outil peut s’utili- ser aussi bien durant la phase de diagnostic pour la réalisation d’un projet thérapeutique, que lors de la réalisation de dents provisoires, ou lors de la phase nale de réalisation des prothèses d’usage. Le pro- thésiste aura ainsi la sensation de travailler devant le patient et pourra optimiser l’intégration esthétique des prothèses dès la première réalisation. Cette procédure évite de multiplier les essayages cliniques servant à corriger les formes et les axes des dents prothétiques en céramique, particuliè- rement chronophages pour le chirurgien-dentiste. De plus, la perception du céramiste est considé- rablement in uencée par le socle du modèle qui se situe très près de la zone à restaurer. Ce socle est meulé au laboratoire de manière totalement arbitraire en utilisant le plus souvent les dents res- tantes, le niveau gingival et les axes de préparation comme seules références. Il est important d’utiliser pour le socle un plâtre de même couleur que celui utilisé pour couler l’arcade a n de ne pas perturber la perception optique du céramiste.
Grâce au marquage du modèle réalisé par le Ditramax®, il est possible de tailler le socle pour rendre la base et ses bords respectivement parallèle et perpendiculaire au marquage horizontal ( g. 9). Le prothésiste dispose alors d’un socle de modèle parfaitement orienté et marqué du point de vue esthétique par deux lignes :
– une ligne horizontale parallèle à la ligne bi-pupil- laire dans le plan frontal, et latéralement orientée selon le plan de Camper ;
– une ligne verticale matérialisant le plan sagit- tal médian de la face. Le milieu inter-incisif sera reconstruit selon une orientation parallèle à ce marquage sans pour autant être obligatoirement confondu avec celui-ci. En vue latérale, le modèle est marqué par une parallèle au plan de Camper qui fournira, dans les cas de réhabilitation de grande étendue, une information importante sur l’orienta- tion à donner au plan d’occlusion [10].
Dans le cadre de l’édentement total, très fréquent en implantologie, l’utilisation du Ditramax® est fondamentale. En effet, le niveau et la forme de la crête édentée maxillaire ne sont que très rarement horizontaux, car sa résorption est directement liée au passif éthio-pathologique des dents. Ainsi, un côté de l’arcade est souvent plus coronaire ou apicale que l’autre ( g. 10a). Cela a pour conséquences un modèle mal orienté et un mon- tage de dents disgracieux car totalement oblique ( g. 10b). Le fait de marquer le modèle par le Ditramax® permet d’orienter la préparation du socle et de donner au prothésiste les lignes de reconstruction du montage. Le marquage latéral, parallèle au plan de Camper, donnera l’orientation du plan d’occlusion. Cela permet en outre d’anticiper d’éventuelles corrections sur l’arcade mandibulaire par meulage ou ajout a n de garantir une parfaite intégration fonctionnelle et esthétique ( g. 11a, b et c).

Conclusion
Dans l’attente d’un patient totalement virtuel, il est fondamental de prêter une attention particulière à la communication des données esthétiques et fonctionnelles au laboratoire de prothèse. En effet, tout défaut de transmission des données se traduit par une immense frustration pour le couple praticien/patient lors de l’essayage. Il est aujourd’hui possible de donner au céramiste la sensation de travailler directement sur le patient, ce qui facilitera grandement son travail et assurera ainsi une meilleure prévisibilité du résultat fonctionnel et esthétique.

Correspondance
Patrice Margossian
232 avenue du Prado – 13008 Marseille patrice.margossian@univmed.fr

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.

P. Margossian
Société Stomatologie du Sud-Est
Marseille, mai 2012

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les reconstructions osseuses et gingivales (greffes) et l’Implantologie orale. Il maîtrise notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en charge immédiate.

P. Margossian
DU Implantologie Nice
Nice, 27 avril 2012

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.

P. Margossian
Faculté dentaire de Reims
Reims, 24 janvier 2012

Installé à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est Chirurgien dentiste spécialisé dans les implants dentaires, greffes osseuses, greffes de sinus et greffes de gencive.

JF Lasserre (UFR de Bordeaux), H Lafargue, JP Attal, A Perceval, G Laborde, A Brabant, P Margossian, S Armand
L’INFORMATION DENTAIRE n° 35 – 19 octobre 2011

Responsable scientifique : JF Lasserre (UFR de Bordeaux)
Conférenciers : H Lafargue, JP Attal, A Perceval, G Laborde, A Brabant, P Margossian, S Armand

La dentisterie actuelle a les moyens d’être non mutilante en comparaison de la dentisterie traditionnelle plus agressive vis-à-vis des tissus. Les progrès de ces vingt dernières années relatifs à l’implantologie, à l’adhésion, à l’éclaircissement et à l’orthodontie de l’adulte nous permettent aujourd’hui de limiter grandement les mutilations dentaires, et ce tout en répondant aux impératifs fonctionnels, biologiques, mécaniques et esthétiques. D’ailleurs, nos patients, informés par les sites internet spécialisés, en sont conscients et ils expriment fréquemment cette demande de préservation tissulaire, avec leurs propres mots, dès la première consultation.
Il peut être difficile pour un praticien non formé récemment d’accepter cette évolution irréversible de notre métier. Pour mieux faire prendre conscience des agressions tissulaires, Gil Tirlet et Jean-Pierre Attal ont défini le concept de « gradient thérapeutique » [8] qui consiste en un classement des thérapeutiques actuelles sur un axe orienté de la gauche vers la droite, de la thérapeutique la moins mutilante à la thérapeutique la plus mutilante, et que nous devons avoir présent à l’esprit dans toutes nos décisions.

Le développement d’une microdentisterie

Depuis l’arrivée des systèmes adhésifs, nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère de l’odontologie conservatrice. La pratique moderne nous impose une microdentisterie, avec une conservation maximale des tissus durs dentaires. Avant de débuter tout curetage, il sera important pour le clinicien d’évaluer la voie préférentielle, la stratégie de traitement afin d’effectuer la plus petite cavité possible. Pour les dents cuspidées, la conservation ou non de la crête marginale est un point essentiel pour la biomécanique de la dent. Cette dentisterie conservatrice nécessite de nouveaux instruments (diminution
des parties actives avec la micro instrumentation, utilisation des ultrasons) (fig. 1) et de l’abrasion pour la mise en forme des cavités et pour enlever les tissus pathologiques avec la sono abrasion et l’air-abrasion [6, 9].
Il existe d’ailleurs un challenge contradictoire entre la recherche de l’augmentation de la surface d’émail pour le collage et l’application du principe d’économie tissulaire. La combinaison de cette approche avec les techniques de stratification donne des résultats très biomimétiques, en particulier sur les dents antérieures (fig. 2 et 3).

L’importance du projet prothétique pour préparer juste

Dans les techniques indirectes des Restaurations Adhésives de Céramique (RAC), le « projet thérapeutique morpho-fonctionnel », ou plus simplement « projet prothétique », est essentiel. Il consiste en une prévisualisation morphologique du résultat final souhaité. Il peut être réalisé sur modèle puis reporté en bouche par l’utilisation de clefs de silicone (fig. 5) ou il peut être réalisé directement en bouche dans la technique des masques. C’est l’adéquation entre la préparation et le projet thérapeutique qui permet de respecter le principe de « moindre mutilation » ou d’« économie tissulaire » en n’enlevant que les épaisseurs de tissu nécessaires aux matériaux cosmétique. Les techniques de pénétration contrôlée par rainurages horizontaux ou verticaux sont classiques (fig. 4) [5, 7].
Pour les RAC, c’est le mode d’assemblage par collage et l’intégration des paramètres technologiques liés aux céramiques qui conditionnent aussi les spécificités des préparations. Suivant les situations cliniques, le praticien adoptera une céramique feldspathique pour ses grandes qualités esthétiques ou une vitrocéramique renforcée au disilicate de lithium (Emax® d’Ivoclar-Vivadent) pour sa meilleure résistance aux contraintes mécaniques tout en conservant une excellente aptitude au collage. Lors de la préparation, la préservation de l’émail est une préoccupation constante à la fois en termes d’économie tissulaire et d’aptitude au collage.

Dépulpation ne signifie plus indication de couronnes

La dépulpation d’une dent était traditionnellement suivie de la mise en place d’une couronne pour la protéger de la fragilité dans le temps des tissus dépulpés. De nouveaux concepts pour les dents cuspidées ont vu le jour avec le renforcement des parois restantes par collage d’inlays ou onlays composites. La couronne ne se justifie plus systématiquement pour la dent dépulpée. (fig. 6 et 7).

Bridges collés quand la biomécanique rime avec préparations a minima

Dans certains cas cliniques où l’implantologie ne peut être indiquée, les bridges collés peuvent offrir une thérapeutique fixe alternative permettant d’appliquer les principes d’économie tissulaire. Grâce à l’association entre une colle à haute performance et une préparation amélaire optimisée en design rétentif auto-stabilisant, le concept du bridge collé peut relever des défis surprenants là où d’autres techniques ne sont pas applicables ou seraient trop mutilantes. Une rétention primaire macroscopique par stabilisation géométrique est préconisée sur des préparations de quelques dixièmes de millimètres pour augmenter la fiabilité du collage, car les sollicitations mécaniques de l’assemblage sont systématiquement amplifiées par des porte-à-faux plus ou moins importants des dents céramiques.
Souvent, les configurations de type cantilever apportent de grandes satisfactions en termes de rapport « coût/santé/sécurité » [2, 3].
Les préparations sont strictes et architecturées en alliant des rainures fines, des puits, des cerclages cervicaux et en recherchant les oppositions de parois, c’est-à-dire la biomécanique traditionnelle. Toutes ces formes sont préparées dans l’émail des dents bordant l’édentation.
Ces bridges restent céramo-métalliques, car l’usinage de la zircone ne permet hélas pas encore d’obtenir des angles internes nets indispensables à la stabilité primaire. De plus, la zircone exige des sections de jonctions proximales souvent trop grandes pour pouvoir respecter l’esthétique. (fig. 8 et 9).

Il existe toujours des indications pour les couronnes et les bridges

L’arrivée du collage en dentisterie a permis le développement des techniques de restaurations partielles et donc une meilleure préservation de l’organe dentaire. Pour autant, doit-on considérer les techniques prothétiques fixées traditionnelles (couronnes et bridges) comme obsolètes ? Ces restaurations bénéficient en effet d’un recul clinique très important et représentent le quotidien de la majorité des dentistes. Il serait aberrant d’opposer d’un côté les gentils conservateurs des restaurations partielles collées et de l’autre les méchants mutilateurs avec leurs couronnes et leurs bridges. Comme toujours, c’est le pronostic à long terme qui doit primer afin d’offrir à nos patients la bonne et juste indication thérapeutique. Lors de réfections prothétiques de restaurations existantes ou lorsque les pertes de substances sont trop importantes, il est normal de s’orienter vers des restaurations coronopériphériques totales. Ces protocoles sont parfaitement codifiés (préparation, temporisation, empreinte, assemblage) et demande juste un peu de rigueur clinique et quelques petits tours de main pour obtenir un bon résultat fonctionnel et esthétique [4].
La réfection de bridges déjà existants, le délabrement des dents piliers, l’affaiblissement du support parodontal justifiant des bridges de contention ou des exigences esthétiques majeures de la part du patient maintiennent un large champ d’indications aux restaurations périphériques totales. (fig. 10 et 11).

L’implantologie recrée l’organe absent

L’implantologie recrée les organes absents et constitue dans ce sens un retour vers un état antérieur plus fonctionnel. À ce titre, cette discipline devrait être située au commencement du gradient thérapeutique évoqué en introduction. De plus, dans l’édentement intercalaire, l’implant « protège » les dents voisines de la sur fonction qu’elles auraient eu dans une indication de bridge, ce qui améliore leur longévité. Cependant, en aucun cas le choix ne doit se faire en fonction du tropisme thérapeutique du praticien.
La solution choisie doit être le résultat d’une analyse clinique rigoureuse qui permet d’orienter le patient vers le traitement le mieux adapté dans le contexte clinique. L’analyse des tissus concernés constitue un élément majeur dans ce choix thérapeutique. L’espace biologique tridimensionnel est variable en fonction du type de support (dent ou implant) sachant que cet espace doit être augmenté autour des implants pour compenser le déficit de vascularisation dû à l’absence de desmodonte. Par exemple, dans le sens mésio-distal, l’espace biologique entre deux dents doit être au minimum de 1 mm, alors qu’entre deux implants il doit se situer entre 2 et 3 mm [1].
Quel que soit le support (dent ou implant), le choix final découle de cette analyse
et des différents traitements pré-prothétiques destinés à améliorer les conditions tissulaires et anatomiques buccales. (fig. 12 et 13).

Conclusion

Ainsi, la dentisterie actuelle, face à une même situation clinique, offre une grande variété de possibilités thérapeutiques. La décision dépend des éléments diagnostic, et de manière plus large de facteurs économiques et sociaux liés au patient, mais dans tous les cas c’est le respect tissulaire et l’amélioration buccale en termes de santé qui doivent orienter nos choix. Nous devons impérativement prendre en compte l’avènement des nouveaux matériaux et des nouveaux concepts cliniques pour bien soigner.

Installé à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est Chirurgien dentiste spécialisé dans les implants dentaires, greffes osseuses, greffes de sinus et greffes de gencive.

P. Margossian
Entretien de Garancière
Paris, 22 septembre 2011

Chirurgien dentiste à Marseille, le Docteur Patrice Margossian est spécialisé dans les greffes osseuses et gingivales et les implants dentaires, notamment les techniques d’extraction, implantation et mise en fonction immédiate.